Nouvel observateur – 5 juillet 2012

RUI FRATI. Il brûle les planches pour réchauffer les coeurs

RUI FRATI
Il brûle les planches pour réchauffer les coeurs

Nous sommes toujours à la recherche de nouveaux fronts pour faire de l’art et de la culture un moteur de la transformation de la vie,
 explique de sa voix douce le sémillant Rui Frati, directeur du Théâtre de l’Opprimé. Cet après-midi, deux de mes comédiens sont à Villejuif en plein travail avec des prisonniers. » Né au Brésil, cet homme engagé a commencé sa carrière sous l’égide des plus grands, comme Bob Wilson. Il a adopté les méthodes de théâtre-action participatif du légendaire metteur en scène activiste brésilien Augusto Boal. Il les met à profit dans son petit repaire artistique faiblement subventionné mais extrêmement dynamique, qu’il pilote depuis déjà douze ans. Dans la journée, il organise avec sa troupe des ateliers en prison, dans des HLM, avec des lycéens, des séropositifs… Le soir, plus classiquement, Frati monte sur scène ou supervise les représentations de son théâtre. « C’est un lieu où tout le monde se rencontre, détaille-t-il. Nous encourageons les jeunes professionnels du théâtre et faisons jouer des metteurs en scène du monde entier, à l’année ou lors de festivals. Hier soir, 25 adolescents de Combs-la-Ville avec qui nous travaillons sont venus voir une pièce. C’était très émouvant. » La prochaine renaissance du quartier devrait donner davantage de visibilité à ce théâtre exigeant et généreux.
KATIA PECNIK