L'histoire du Théâtre de l'Opprimé


Augusto Boal
Ecrivain, dramaturge, metteur en scène, théoricien, homme de théâtre, et homme politique brésilien contemporain, qui est l'une des figures majeures du théâtre brésilien de la seconde moitié du XXe siècle.
Il fonde en 1956 (à 25 ans) le Théâtre Arena de São Paulo, dont il devient directeur artistique et metteur en scène. Il y développe jusqu'en 1964, à côté de mises en scène classiques, un théâtre populaire, de rue et contestataire dans lequel il développe le personnage du spect-Acteur. Les coups d'État successifs de 1964, puis de 1968 mettent fin à toute possibilité de pratiquer cette sorte de théâtre social, considéré comme une pratique subversive. Après la publication de son livre Le théâtre de l'opprimé en 1971 il part à l'exil vers Paris, où il poursuivra son travail. Il y créé notamment le Centre du Théâtre de l’Opprimé en 1979.
Pendant les années 1970, Augusto Boal voyage dans toute l'Amérique latine, expérimente diverses formes de théâtre participatif et éducatif, il écrit et systématise sa pratique théâtrale. Il organisera le premier festival international du Théâtre de l'opprimé à Paris en 1981.
Dès 1981, il se penche sur le théâtre thérapeutique et ce qu'il nomme « le flic dans la tête ». Son troisième livre L'arc-en-ciel du désir est un essai sur cette méthode de théâtre et thérapie. En 1992, il est élu législateur municipal à Rio de Janeiro sur la liste de gauche du du Parti des Travailleurs du futur Président Lula et entame une nouvelle expérience : celle du théâtre législatif.
Rui Frati
Acteur et metteur en scène, Rui Frati débute sa trajectoire théâtrale au Brésil après des études de théâtre et de sociologie.
Il travaille notamment avec Robert Wilson, Andrei Serban, Enrique Buenaventura, Augusto Boal, Ariane Mnouchkine, Maurice Vanneau, Alvin Nikolais…
En Europe, il enseigne au Conservatoire National d’Art Dramatique de Lisbonne avant de s’installer à Paris où il succède à Augusto Boal à la direction du Théâtre de l’Opprimé en 1998.
Il est à l’origine de l’implantation de la compagnie dans un lieu situé dans le XIIe arrondissement de Paris et contribue à lui conférer un statut de centre européen de recherches de la méthode du Théâtre de l’Opprimé.
Rui Frati et l’ensemble des responsables de projets de la Compagnie du Théâtre de l’Opprimé Paris, ont créé plus d’une centaine de théâtres-forum sur des thèmes variés et dirigent également de nombreux projets internationaux et hors métropole en collaboration avec des ONG et des Centres Culturels (Allemagne, Angleterre, Brésil, Burundi, Chili, Espagne, Guyane, Île de la Réunion, Iran, Italie, Liban, Maroc, Mexique, Palestine, Portugal, Roumanie, Taiwan…).
Une Compagnie
Les professionnels de la scène soucieux de défendre leur place d’artistes citoyens créent à chaque saison une création contemporaine, privilégiant les formes où se conjuguent théâtre et musique. La compagnie, fondée par Augusto Boal, qui assure aussi de nombreuses créations en théâtre-forum, des ateliers et des stages de formation dans différentes structures : maisons d’arrêt, écoles et universités, centres sociaux, centres de santé, collectivités territoriales, entreprises, associations… Ces interventions lui permettent aussi de construire et de fidéliser un public nouveau, peu coutumier des salles de théâtre. Si la France est son principal terrain d’action, l’Italie, le Brésil, la Palestine, le Burundi, l’Iran, Taiwan, le Maroc, la Roumanie, l’Allemagne, le Portugal, le Chili, le Mexique (et bientôt la Corée du Sud, la Grèce…) sont quelques-uns des pays où il développe des projets artistiques ou de formation.
« Aborder les conflits sociaux et humains par le théâtre… provoquer la discussion, réfléchir et comprendre ensemble en scène, voilà notre parti-pris ! »
Rui Frati, directeur du CTO-Paris
Une méthode
C'est dans l’Amérique Latine des années 1970 qu’Augusto Boal créé la méthode Théâtre de l’Opprimé l’Opprimé, avec l’objectif de rendre visibles des conflits sociaux et politiques en soutenant la prise de parole de groupes marginalisés, opprimés par les pouvoirs totalitaires. A partir de cela, nous avons continué un chemin d’évolution constante. Le théâtre-forum est l’outil le plus spectaculaire de la méthode : à partir d’un conflit, d’une question d’actualité, la troupe crée et interprète des scènes au dénouement dramatique, ce qui provoque par la suite un moment de discussion théâtrale. Le public, interrogé par le metteur en scène (« joker »), est invité à réfléchir sur comment affronter les conflits joués. Devenu spect A cteurcteur, entrant en scène, se confrontant avec les autres personnages, il met en action ses idées, ses alternatives, sa volonté de changer la situation. Il s’agit d’affronter et de construire ensemble, acteurs et public, des alternatives possibles aux conflits mis en scène.
« Être citoyen, ce n’est pas vivre en société, c’est la changer »
Augusto Boal, metteur-en-scène
Un lieu
ans l’ancien comptoir de meubles transformé en théâtre, la Compagnie Théâtre de l’Opprimé organise des stages et ateliers, des laboratoires de recherche artistique, des répétitions, des créations. Depuis 1998, l’équipe dirigée par Rui Frati, dans un constant travail de recherche et évolution, y reçoit d’autres compagnies de théâtre, musique, danse, sous la forme de coréalisations. La programmation privilégie la dramaturgie contemporaine et les jeunes troupes émergentes. Elle reste attentive aux textes et aux metteurs en scène confirmés et aux spectacles jeune-public. Des temps forts marquent le rythme des saisons :
La méthode
La méthode du théâtre de l’opprimé offre aux acteurs et non-acteurs des outils pour exprimer leur propre volonté, agir sur les conflits ;
« Essayons sur scène ce que nous devons défendre dans la vie ! »
Il ne s’agit ni d’apporter un message, ni de trouver une bonne réponse, mais d’explorer, d’expérimenter, de découvrir et de comprendre ensemble, collectivement.
Nommé directeur du Centre du Théâtre de l’Opprimé Paris (CTO-Paris) en 1998 par Augusto Boal, pour lui succéder, Rui Frati a redynamisé et renouvelé complètement l’équipe. Ensemble, ils s’attachent à développer la méthode (composée de six techniques dont : théâtre-forum, théâtre-image, arc-en-ciel du désir, théâtre invisible), à rechercher d’autres horizons, à élargir les possibilités de leurs actions.