Mademoiselle Maya // Le 17 mars //
Le 17/03/2016 20:30
« Mademoiselle Maya vit au XIXème siècle. Mademoiselle Maya est naïve, candide. Mademoiselle Maya a de nombreux amis qui lui écrivent des lettres enflammées, des amis qui se nomment outre Feydeau dont l’ombre plane sur le spectacle, Maupassant, Hugo, Daudet, Verlaine, Zola, excusez du peu. Mademoiselle Maya chante également, de cette voix haut perchée des divas de l’époque, style Juliette Méaly créatrice de Frou-Frou et autres Yvette Guilbert qui ont fait le succès des cafés concerts.
Drapée dans une superbe robe à faux cul, Mademoiselle Maya arpente la scène avec une joie sauvage et une grâce mutine, mêlant entrechats et galipettes, tournoyant comme une folle, agitant en tous sens un drapeau tricolore pour une chanson patriotique, ou s’effondrant dans un fauteuil, en proie à ses souvenirs. Mademoiselle Maya manie comme personne l’art du sous-entendu qui enchante le mâle émoustillé. Mademoiselle Maya est un condensé de la Belle Époque, ces années qui restent dans nos esprits comme joyeuses et insouciantes, avec des airs de paradis perdu.
Mademoiselle Maya c’est Charlotte Grenat. Non seulement chanteuse et comédienne, elle a écrit les textes des chansons et des prétendues lettres des illustres auteurs, tellement bien imitées qu’on s’y trompe et qu’il faut un moment pour réaliser que non, ce ne sont pas Maupassant, Daudet ou Hugo qui ont posé leurs plumes sur ces missives enflammées. C’est véritablement bluffant.
Les musiques signées Jean-François Varlet sont de la même veine, tellement ressemblantes aux musiques des chansons de l’époque qu’on les croirait authentiques, retrouvées au fond d’on ne sait quelle malle d’un grenier de grand-mère.
Le doute s’installe lorsque Mademoiselle Maya cite les noms des supposés auteurs et compositeurs de ce qu’elle va interpréter, noms où la fantaisie débridée de Mademoiselle Charlotte Grenat s’est donnée libre cours.
Mademoiselle Maya est accompagnée au piano, un piano joliment juponné de rose en accord avec le décor, succinct mais suffisant pour créer l’ambiance, par Zofia Rieger, dont elle se plaît à écorcher régulièrement le nom, n’hésitant pas à le transformer en Pizza voire Coryza, en accord avec le thème de la chanson. Mais Zofia n’est pas seulement une excellente pianiste, elle est également comédienne et fait partie intégrante du spectacle, rebondissant même avec à propos à des événements imprévus !
Si vous avez envie d’une plongée dans le passé pour échapper un instant à notre époque tristounette, courez voir ce spectacle ! »
Par Nicole Bourbon pour le journal du net « Reg’arts »