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2008 – Perfums de plaisir et de mort

De nos derniers voyages en Asie nous sommes revenus avec l’écho d’une double rencontre : d’abord avec la culture et la situation si complexe de Taiwan, l’ancienne Formosa, ensuite avec l’œuvre d’une grande écrivaine et militante, Li Ang.
Li Ang nous plonge au travers de multiples personnages, au cœur de l’univers taiwanais, restituant le détail humain, ses ambivalences et ses multiples appartenances, ses singularités sociales, ethniques et culturelles : travaillant ces particularités comme autant de munitions, elle nous catapulte dans l’universel qui résonne en chaque société et en chacun de nous.
Notre adaptation pour le théâtre de plusieurs romans de son œuvre foisonnante, s’attache à décrire l’explosion de la modernité sur fonds de 45 ans d’histoire (1945-1990), brassant l’aller-retour permanent avec le registre traditionnel voire mythique qui caractérise l’attitude asiatique à ses sommets créateurs.
Portée par le double personnage de Rose/Ayako, cette partition faite de rebours temporels et de projections parmi les plus actuelles, décline les combats contre les colonialismes et les autoritarismes : droits des femmes, homosexualité et lutte contre le sida, respect des minorités et lutte pour la démocratie.
Tel un récitatif, le thème de la nourriture et du sexe comme instruments de plaisir et de mort, articule ces tensions à l’œuvre dans notre société. On évoque autant les années 80, avec l’arrivée du sida et les balbutiements de la démocratisation de Taiwan, que le début des années 50, en pleine terreur blanche, avec ses corollaires de famine, de répression politique et d’oppression sociale extrême vis-à-vis notamment des femmes…
La même idée oriente les passages d’une classe sociale à l’autre : rendre visibles certaines mésaventures présentes dans la vie quotidienne des gens misérables, habitants d’un faubourg de pêcheurs et les protagonistes d’une aristocratie indépendantiste, opposée au pouvoir en place.
Dans un même enchaînement nous verrons l’homme politique résistant au pouvoir dictatorial méditant en prison devant La soupe de nouilles au bœuf et La femme du boucher qui, poussée à bout, finira par assassiner un mari violeur, son bourreau.
Ou encore deux époques d’un même personnage, du confinement dans Le Jardin des égarements vécu aux cotés d’un père, grand humaniste, rebelle au pouvoir, au pouvoir obtenu par l’association aux nouveaux dirigeants économiques de l’île.
C’est à de tels égarements que nous vous invitons, au jardin du théâtre des luttes et des représentations, au croisement des cultures singulières, en espérant que vous retrouverez, depuis votre expérience intime, l’universalité des horizons animés par chaque personnage.

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De : Li Ang
Ecriture pour la scène : Isabel Ribeiro et Rui Frati
Mise en scène : Rui Frati
Création musicale : Arigo Barnabé
Direction musicale : Toninho do Carmo
Illustrations : Sylvain Barré
Costumes : Telma SAvietto
En scène : Antonia Hayward, Delphine Dey, Leo Frati, Manuela Brazil, Maria Teresa Ferreira, Vincent Vidal, Tatiana Reigota, Thomas Razet
Création lumières : Tanguy Gauchet

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